SAINT MAYEUL
On situe la naissance de Saint-Mayeul ,vers 910 au château de Valensole en Provence. Après la mort de ses parents il étudie à Lyon. Bernon, évêque de Mâcon, le prend à son service. Il est apprécié pour sa charité envers les pauvres, sa volonté mais aussi sa fermeté. Il entre au monastère de Cluny après avoir refusé l’évêché de Besançon. Apprécié dans ses premières charges, il est désigné en 948 comme successeur de l’abbé Aymard. Devenu quatrième abbé de Cluny, il voyage beaucoup pour fonder des prierés, réformer des monastères.
Saint-Mayeul eut une forte influence sur les grands de son temps. On le presse d’être pape mais il refusa.
Alors qu’il est en route vers Paris pour réformer l’Abbaye de Saint-Denis à la demande du roi Hugues Capet, il fait étape au Prieuré de Souvigny et y meure le 11 Août 994.
Son tombeau devint un lieu de pèlerinage important après qu’aient été constatés de nombreux miracles.
Souvigny: Saint Mayeul et le roi de France
SOUVIGNY, pour les uns, aurait existé au temps de César dans un lieu appelé Umbra Vallis entourée de forêt et située au bord de la Queusne. Selon d'autres sources, ce serait les Venètes, fuyant les Huns ravageant l'Italie du Nord sous les ordres d'Attila, qui seraient à l'origine de Souvigny. Au début du xe siècle, Aymard, sire de Bourbon, fit don de Souvigny à Cluny. Vers la fin du siècle, un prieuré bénédictin commença à exister. Mayeul et Odilon, abbés clunisiens, moururent successivement à Souvigny en 994 et 1049. La ville devint un centre de pèlerinages. C'est en 1064 que l'église est solennellement consacrée lors de la translation des reliques de saint Odilon, et, en 1095, le pape Urbain II fit installer le tombeau de saint Mayeul dans la grande nef de l'église. Ni l'un ni l'autre n'était bourbonnais puisque le premier était né dans le Comtat Venaissin et le second en Auvergne. Mais l'un et l'autre furent abbés de Cluny et séjournèrent souvent à Souvigny, abbaye dépendant de Cluny. C'est dans ce monastère qu'ils moururent. Leurs tombeaux devinrent un lieu de pèlerinages attirant une foule inimaginable de pèlerins. Il est vrai que l'on assurait que, grâce à leur intercession, de nombreux miracles furent enregistrés. Le jeune Mayeul, dès son enfance, fit preuve d'une âme particulièrement charitable qui contrastait fort avec la brutalité de son père. Ne raconte-t-on pas qu'en ayant assez de voir les loups attaquer ses troupeaux de brebis, il décida, une nuit, de monter la garde. Au préalable, il avait pris son armure, des armes et se couvrit, par-dessus, d'une peau de brebis. Une nuit, les loups arrivèrent. Le plus violent d'entre eux attaqua le guerrier immobile qu'il croyait être un mouton. Il s'élança sur son dos, appuya ses fortes pattes sur les deux épaules et chercha à l'étrangler, la gueule béante. Mais il y avait le casque et l'armure, et il ne put mordre. Alors, le père, dénommé Folchérius, étendit ses deux bras, saisit les pattes du loup, le fit sauter par-dessus sa tête et l'étreignit contre sa poitrine. Il courut alors vers ses compagnons inquiets et leur livra le loup. On le conserva vivant le temps de le montrer aux hommes qu'il avait épouvantés par ses ravages. Il fut tué le lendemain, et, dans ses entrailles, on découvrit des membres humains. Le loup fut pendu à un arbre et plus jamais on ne vit de loups dans la région, à croire qu'ils avaient été épouvantés par ce qui venait de se passer. On raconte qu'un jour Mayeul, enfant, avait empli son tablier de pain et de viande, et s'en alla pour porter ces aliments aux pauvres. En traversant la cour, son père le surprit et lui demanda ce qu'il portait: " Mon père, ce sont des roses ", répondit l'enfant. Son père s'approcha, prêt à lui faire des remontrances mais, en défaisant le tablier, il ne trouva que des roses. Un miracle de la Providence. Le père ne contraria plus la vocation de charité de son fils. Il lui permit d'aller à Lyon étudier les Saintes Écritures. Quelques années plus tard, on le retrouva auprès de Hildebord, évêque de Châlon, en qualité d'archidiacre pour régir le diocèse. Cette activité ne convenait pas à Mayeul, qui, bientôt, entra dans le cloître de Cluny. Quand Aymard, abbé de cette illustre abbaye, sentit ses forces l'abandonner, il désigna Mayeul comme son successeur. Celui-ci hésita beaucoup mais finit par accepter la charge. Cet homme, épris de solitude, de charité, de méditation, allait se découvrir capable de fermeté. Ainsi mena-t-il à bien la réforme de l'ordre de Cluny et y ramena-t-il l'antique austérité de la règle de saint Benoît. Le roi Hugues Capet lui confia le soin de faire de même en d'autres abbayes, comme celle de Saint-Maur et Marmoutier près de Tours. En allant visiter cette dernière, Mayeul traversa pour la première fois le Bourbonnais. Il s'arrêta longuement à Souvigny tant à l'aller qu'au retour, visitant tous les établissements religieux de la région, y compris ceux implantés dans la forêt de Tronçais, non loin du prieuré de la Bouteille appartenant aux Bénédictines. Si l'on en croit la tradition, Mayeul aurait grimpé dans le clocher par un petit escalier surmonté d'une croix. Il aurait sonné les cloches, et quelque sept cents moines habitant le prieuré et les multiples ermitages disséminés dans la forêt accoururent.
Mayeul leur prêcha l'évangile, puis écouta leurs doléances. Les moines se plaignirent d'être obligés d'aller fort loin chercher de l'eau, ce qui les interrompait dans leurs prières et dans leurs exercices religieux. Mayeul les écouta, se mit en prière et, peu après, non loin du prieuré, une source jaillit. Mayeul promit aux moines que la source ne tarirait jamais, leur permettant d'étancher leur soif, mais aussi de protéger la région de la sécheresse.
La source porte, aujourd'hui, le nom de Font-Saint-Mayeul. Si la sécheresse est trop forte, trop pénible, on se rend en procession à la Font-Saint-Mayeul afin que le saint intervienne pour que la pluie tant désirée tombe.
Alors qu'il approchait de Souvigny, par un froid vigoureux, Mayeul aperçut un pauvre vieillard, couché, à demi nu,
dans le fossé de la forêt. Il arrêta sa mule, descendit, quitta sa robe de bure et en revêtit le malheureux.
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Mayeul ne revint en Bourbonnais qu'à la fin de sa vie, pour y mourir. Chargé par le roi Hugues Capet d'établir la règle bénédictine dans la noble abbaye de Saint-Denis, il prit le chemin de l'Île-de-France. Pour ce faire, il décida de passer par Souvigny, ce qui n'était pas le plus court chemin pour gagner sa nouvelle destination. Au milieu de ses frères du monastère, il se sentit atteint d'un mal et il comprit immédiatement que sa dernière heure était arrivée:
" Réjouissez-vous, mes frères, dit-il aux moines près de lui, c'est Dieu qui m'appelle enfin à lui. " À ces mots, les moines s'agenouillèrent et se mirent en prière. Des larmes jaillirent de certains yeux. Des gémissements se firent entendre du cloître à l'église. "Oh! notre père, demandèrent les moines, quel pasteur, après vous, guidera notre troupeau? Ce n'est point à moi qu'il appartient d'élire votre abbé, répliqua Mayeul. Je vous laisse au plus vigilant et au plus doux des pasteurs, à Jésus qui n'abandonne jamais les orphelins. " Mayeul bénit tous ceux qui se trouvaient près de sa couche, puis ne voulut s'entretenir qu'avec Dieu. Il pria d'une voix à peu près inintelligible pour les présents. Il mourut sans exhaler la moindre plainte, le sourire aux lèvres, car, a-t-on dit, passa devant ses yeux la blanche vision d'anges aux longues ailes déployées, à la chevelure d'or, aux flottantes tuniques qui venaient le chercher pour le conduire vers le trône du Très Haut. Il mourut le cinquième jour de mai en 994. Son décès allait susciter une violente dispute. Les moines qui escortaient Mayeul voulurent emporter son corps pour l'ensevelir dans la basilique de l'abbaye mère à Saint-Denis. Ce fut un tollé général, car toute la population voulait qu'il repose à Souvigny. On vit accourir les archers du sire de Bourbon, les gens de métier de la ville, les vignerons de Souvigny, les rudes fendeurs des forêts d'alentour, les laboureurs, les paysans, les bergers. Tous s'écriaient: " Laissez nous notre saint! Nous voulons conserver ses reliques. Il préservera nos vignes de la gelée et nos blés de la grêle. Il guérira nos femmes et nos enfants et nous rendra nos forces épuisées par le travail! " Le tout assorti de menaces. Devant cette fronde, peut-être provoquée ou soutenue par les moines de Souvigny, les responsables de Cluny décidèrent de ne pas aller contre l'excitation populaire. Il fut décidé que Mayeul serait enterré dans la basilique de Souvigny. Ce fut le frère Maulquin qui fut chargé de réaliser dans la crypte un monumental tombeau formé d'une grande dalle déposée sur quatre basses colonnes délicatement ouvrées. Avec Mayeul, les miracles ne tardèrent pas. Qu'on en juge! Un ouvrier du nom de Constantin plaçait une grosse pierre de taille sur une assise du monument. La pierre tombe et lui écrase une main. Il invoqua aussitôt le nom de Mayeul, et il put retirer sa main saine et sauve de dessous la lourde pierre. Une femme habitant Souvigny perd son enfant âgé de trois mois. La mère, en pleurs, s'en va déposer le cadavre devant le tombeau de Mayeul et se mit à prier du lever au coucher du soleil. Au milieu du jour, l'enfant ouvrit les yeux et, d'une voix douce, appela sa mère. Il vivait. Aussitôt la nouvelle se répandit, et nombreux furent ceux qui se précipitèrent vers l'enfant pour voir. Tous, y compris les moines, accoururent aux cris de la foule, louèrent Dieu et son bienheureux serviteur. |